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FACING | CÔNG BINHS | Photographs | C- PRINTS | 2013

Realized for the exhibition HISTOIRES PARALLÈLES PAYS MÊLÉES | Muséue d’Histoire naturelle | NÎMES 2013

 

The choreographer and curator Alain Buffard brings together visual artists, photographers, choreographers, filmmakers and historians, and questions the notions of territory, history, identity and the appropriation by non-European artists of the aesthetic codes of representation in Western culture

Posing the portraits of Vietnamese surrounded by taxidermied animals is a strong political act and refers to the way in which the French Republic considered them.

Credits | Alain Buffard | PI:ES Lille | Le Fresnoy - studio national |Béatrice Nguyen Van Kiem | Joël Pham

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LE BA DANG

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DANG SU

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NGUYEN DUNG

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THIEU VAN MUU

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NGUYEN VAN KIEM

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NGUYEN  VAN LIEN

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LÊ THI

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PHAM VÂN NHÂM

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LE VAN CHUNG

EXHIBITION VIEWS

 

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Parallel Histories : mixed countries  (Event editorial)

 

 

Parallel stories : mixed countries describes a journey to others or from others. Fragments of histories, bundle of images and stories in which particular chronicles, singular courses, and specific knowledges are mixed : a travel through practices that establish our memories of the future.

 

Emblematic of our colonial history and of the museology inheritated from the XIXth century's colonialist ideology, the ethnography gallery of the Natural history Museum of Nîmes has guided the elaboration of this event.

 

The challenge with the Natural history Museum, as well as with the other places taking part in this project would be to transform them into "commonplaces", into links, that would associate some diffracted stories of peoples and nations whose forced encounters could or should produce a reflexion and a memory of the diverse.

 

Parallel stories : mixed countries is not entending to clear out the distorsions between the "Official version" and the individual stories, those left to the margin of the great national one or consigned to the shadows, too minoritarian to match with the ONE of the nation or the State.

On the contrary, this event is trying to open the storages of the diverse in order to show how experiences, practices, knowledges and discourses impregnate one another.

The works of the invited artists, choreographers, video artists, photographers, musicians show this back and forth movement from one culture to another ; without creating any cultural crossbreed they rather appear as an unpredictible opener from which would be written a new syntax of our archipelagos of sensitiveness.

The conference speakers and lecturers will ponctuate the fact that History is a compound of many things.

We hope Parallel stories : mixed countries, though modestly, will manage to enable a modification of points of vue.

 

This has become possible thanks to the networking of the different places and organizations hosting and contributing to this project who agreed to knit together this point of conversion.

Because it is the other who forges our own singularity, we know our future memory is already here, somewhere else.

 

Alain Buffard

Intégralité interview avec Alain Buffard | Le Monde | samedi 16 mars 2013

Pour quelles raisons avez-vous conçu cette exposition et cette programmation chorégraphique autour de la thématique post-coloniale ?

Pour ma pièce Baron samedi, créée en 2012 à Nîmes, j’ai travaillé avec des interprètes issus de cultures et de techniques de corps différents, eux-mêmes minoritaires au sein de leurs propres minorités.

Imaginez l’une des danseuses, ivoirienne, élevée dans la religion musulmane convertie au bouddhisme, d’abord joueuse de foot “convertie” à la danse contemporaine, qui travaille aujourd’hui sur la violence faite aux femmes en Afrique. Un chanteur-danseur français, fils d’expatriés seul blanc dans son école au Brésil, venu vivre en France à l’âge de 16 ans avec ce drôle d’accent australien porté par une voix de haute-contre. Chacune de ces figures déplacent les attendus de leur propre histoire supposée en réinterprétant les musiques de Kurt Weill sur lesquelles le spectacle est construit.

Histoires parallèles : pays mêlés est la suite logique de ce travail, j’ai construit cet événement avec le regard d’un chorégraphe à travers une exposition, une programmation de spectacles, de films et de conférences afin de relancer les questions liées à ce que j’appelle la “colonisation des esprits”. Le point de départ est la galerie d’ethnographie du Muséum d’histoire naturelle de la ville, restée en l’état depuis son accrochage dans les années 30, qui semble l’un des derniers vestiges de la muséographie héritée de l’idéologie colonialiste du 19 ° siècle. Ce lieu a induit tout le projet. Par ailleurs, la question post-coloniale est toujours taboue en France, du moins dans les cursus universitaires. Alors que dans le monde anglo-saxon, l’héritage d’Aimée Césaire, Frantz Fanon et Edouard Glissant, pour ne citer qu’eux, sont des objets d’études critiques. Ici, ils semblent passer sous silence comme si nous vivions dans le refoulement et la honte de notre passé colonial.

 

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées dans l’élaboration de cette manifestation ?

Je me suis rendu compte que le mot postcolonial pouvait provoquer un certain raidissement avec certains politiques comme s’il incluait les notions de réparation, de dette ou de tensions communautaristes. C’est en reconnaissant la place de l’Autre qu’un espace commun peut se créer et que le dialogue peut s’instaurer. C’est à cet endroit en tant que chorégraphe que j’essaie de travailler, en m’immisçant  dans les interstices de la ville, les lieux d’art contemporain, les bibliothèques et les plateaux de spectacles, une manière autre d'envisager le contre-champ de ce que l'on nomme l'histoire coloniale, ses mémoires et son patrimoine.

Quel est le rôle de la danse dans ce mouvement de relecture ?

Il y a urgence pour les corps des artistes de s’approprier la « postcolonie », qui est selon l’historien Achile Mmembe l’espace dans lequel nous vivons. Le récit national est resté impénétrable et aveugle à la colonisation, cet épisode pourtant crucial de notre histoire. La danse, en raison même des difficultés de la France à assumer l’ambiguïté de son aventure coloniale et ses effets, serait son contenant possible. Non pas pour une dénonciation mais comme l’espace exutoire d’un refoulé. Rares sont les artistes français aujourd’hui qui s’emparent de cette problématique pourtant essentielle.

Le travail que présente la danseuse-chorégraphe d’origine marocaine Latifa Laâbissi dans Self Portrait Camouflage est emblématique : c’est une pièce pivot de ce qu’elle montre d’une femme arabe de deuxième génération et qui dit les zones troubles de la construction de soi dans ce pays. 

 

Quels ont été vos critères de sélection des artistes exposés ?

Les artistes que j’ai choisis témoignent de ce travail d’inclusion de l’héritage post-colonial dans leur vie et leur art. J’ai passé une commande à la photographe Anna-Katharina Scheidegger. Elle a rencontré et photographié d’anciens travailleurs forcés indochinois qui furent en quelque sorte « kidnappés » de leurs familles, le mot n’est pas trop fort- pendant la seconde guerre mondiale par les Français et embarqués dans les soutes des bateaux, en dessous des animaux !-. À leur arrivée à Marseille, ils étaient répartis dans les usines selon les besoins de l’industrie française, on peut dire qu’ils étaient considérés comme des meubles biens ce qui les renvoie au statut des esclaves par le Code Noir. C’est leur savoir-faire qui a permis entre autre de développer une meilleure production de la culture du riz en Camargue.

Le Coréen Chan-Hyo Bae se met en scène dans des costumes d’apparat de la royauté britannique pour souligner la vision orientaliste de l’occident envers l’Asie. Les autoportraits de Pushpamala N en costume de mariée hindoue, mahométane ou chrétienne résonnent étrangement dans la Chapelle des Jésuites. Les récits de migrants de Bouchra Khalili et ceux des jeunes albinos de Mwanzo Millinga retentissent aussi d’un écho singulier. Les œuvres se répondent entre la Chapelle et le Muséum, elles sont peu ou pas connues en France et elles montrent avec efficacité les forces vives que représente le travail de ces artistes extra-européens. Des pays mêlés, des histoires parallèles dont les récits constituent les réservoirs et les ouvroirs de l’Histoire.

 

Pour quelles raisons avez-vous choisi d’imaginer un parcours dans le Muséum d’Histoire naturelle ?

Les visiteurs du Muséum d’histoire naturelle sont majoritairement des enfants, des jeunes et leurs familles, ils peuvent être parfois intimidés dans un Musée ou une galerie d’art contemporain comme si ces formes ne leur étaient pas adressées. Je devais donc, tout en restant dans mon propos, trouver des œuvres exigeantes mais d’une éloquence visuelle immédiate quand bien même elles offrent une complexité de lecture. Avant d’arriver dans la galerie des animaux empaillés, il faut passer par le département d’ethnologie que j’ai occupé avec les photos et vidéo du couple Allora & Calzadilla. Sans m’attarder sur les questions complexes de muséographie que pose cette galerie, questions que l’on retrouvent à une autre échelle au Quai Branly et ailleurs, l’idée était d’articuler différentes formes de savoirs entre elles dans un rapport dynamique, celle de l’art, de l’ethnologie, de l’anthropologie, de l’histoire et des sciences naturelles.

Poser les portraits des vietnamiens par Anna Katharina Scheidegger au milieu des animaux est un acte politique fort et renvoie à la manière dont la République Française les a considéré. Il me parait vital de transmettre ces pans d’histoires, généralement occultés dans les livres scolaires, à des jeunes. À l’opposé, je me suis appuyé sur la vision humoristique des vidéos de Ferhat Özgür, celle-ci entourée par un ours polaire et un chameau tandis que celle de Erkan Özgen & Sener Özmen trône au milieu de la grotte kitchisime du premier étage.

 

Quelle est l’importance de cette démarche dans votre parcours de chorégraphe ?

Dans mes spectacles, j’ai questionné entre autre les modes de représentation du sida, de la sexualité, du désir, du genre et de la postcolonie. J’étais pour certains critiques d’art devenu l’homme de la situation. Aujourd’hui, je refuse de parler le 1er décembre en tant qu’artiste homosexuel et séropositif. Je refuse cette logique commémorative d’une journée de la femme, de l’abolition de l’esclavage, du sida ou de je ne sais quoi, tout le monde a fait sa bonne action, a rempli le cahier des charges et le reste de l’année on s’en fout. Histoires parallèles, pays mêlés est une série de portraits qui rend hommage à la beauté et à la noblesse. Histoires parallèles, pays mêlés est une manière d’inscrire mon travail et d’entrer enfin dans le XXIème siècle pour nous et la mémoire future de nos enfants.

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